Ce que certains soupçonnaient dès la fin du Grand Prix du Japon est désormais officiel : Pirelli adopte une nouvelle philosophie pour les prochaines épreuves du calendrier F1 2025. Le fournisseur exclusif de pneus en F1 a décidé d’introduire des composés plus tendres que ceux initialement prévus, afin d’ajouter une dose d’imprévisibilité aux Grands Prix à venir.
Cette décision, qui n’a pas manqué de faire réagir Christian Horner chez Red Bull, a été actée dans les jours suivant Suzuka. Pirelli a informé les équipes que les courses de Miami (2 au 4 mai) et d’Imola (16 au 18 mai) se dérouleront avec des combinaisons de pneus plus agressives qu’en 2023.
Miami et Imola sous le signe de la tendreté
À Miami, les équipes disposeront du trio C3-C4-C5, déjà utilisé à Djeddah et Melbourne. Pour Imola, un changement inédit intervient : le C6, le pneu le plus tendre de la gamme 2025, fera sa première apparition officielle, aux côtés du C5 et du C4.
L’objectif ? Recueillir des données variées sur l’ensemble des nouveaux composés dans des contextes très différents. Mario Isola, directeur de Pirelli Motorsport, explique : "Cela nous permet de mieux comprendre leur comportement en course et de prendre les bonnes décisions pour la suite de la saison."
Provoquer un deuxième arrêt
L’enjeu de cette stratégie est clair : briser la monotonie stratégique. L’an passé, un seul arrêt suffisait à Miami, Imola ou Djeddah. Avec des pneus plus tendres, Pirelli souhaite relancer l’intérêt tactique, forcer les équipes à envisager deux arrêts et rendre les courses plus animées.
Selon Isola, cette volonté fait suite à des discussions menées après les Grands Prix de Chine et du Japon, où l’absence de suspense en course a été pointée du doigt.
"Nous voulons créer les conditions pour que les pilotes puissent attaquer plus, tout en conservant une part d’inconnu dans les stratégies" précise-t-il.
Vers des combinaisons inattendues ?
Simone Berra, ingénieur en chef chez Pirelli, va encore plus loin : il envisage d’utiliser à l’avenir des composés non consécutifs. Par exemple, sauter le C4 et aligner les C3, C5 et C6 pour accentuer l’écart de performance et complexifier les décisions des stratèges.
"Cela pourrait obliger les équipes à faire des choix plus risqués" glisse-t-il.
Une saison plus ouverte ?
Alors que les pneus sont souvent perçus comme un facteur de stabilité, Pirelli cherche à en faire un levier d’imprévisibilité. Reste à voir si cette prise de risque portera ses fruits ou si elle entraînera de nouvelles critiques. Une chose est sûre : la lutte stratégique va gagner en intensité dès le mois de mai.