De Jordan à Sebastian Vettel, une histoire piquante d'abeilles et de frelons
21/09/2023 17:16
En marge du Grand Prix du Japon 2023, l'ancien pilote Sebastian Vettel fait le buzz en installant des colonies d'abeilles à l'intérieur du virage 2 du circuit de Suzuka. Le retraité allemand veut sensibiliser les fans de Formule 1 au dérèglement climatique depuis plusieurs années.
À LIRE AUSSI >Sebastian Vettel et ses abeilles vont colorer le virage 2 à Suzuka
En 2022, Sebastian Vettel portait un casque et un tee-shirt avertissant sur la montée des eaux au Grand Prix de Miami (Floride). En juillet 2023, on l'a vu au Festival of Speed de Goodwood rouler avec d'anciennes F1 de Nigel Mansell et Ayrton Senna équipées de carburant synthétique plus respectueux de l'environnement. Au Japon, la présence de 11 ruches est censée évoquer la biodiversité et le rôle majeur des abeilles dans l'écosystème.
Welcome to Buzzin' Corner
Sebastian Vettel brought together all teams and drivers in Suzuka to build 'bee hotels' on the inside of Turn 2 as part of his biodiversity project
The kerbs have momentarily been painted black and yellow too! #JapaneseGP#F1
— Formula 1 (@F1) September 21, 2023
Le vibreur repeint en jaune et noir, de même que le nom donné à ce virage (Buzzin' Corner, soit le virage bourdonnant en bon français) rappellent une initiative remontant à la fin des années 1990 en Formule 1. L'équipe Jordan avait choisi l'abeille comme emblème en 1998, un insecte présent sur le museau des monoplaces ainsi que sur les habits des pilotes.
L'abeille faisait suite au serpent, implanté en 1997 sur les carrosseries de la formation dirigée par Eddie Jordan. À cette époque, les cigarettiers étaient les sponsors majeurs dans le sport automobile, et les meilleures écuries avaient noué des partenaires avec les géants du secteur. Pour Jordan, il s'agissait Benson & Hedges, une marque de cigarettes britannique.
Problème : la publicité de cigarettes était déjà interdite dans plusieurs pays, comme la France, l'Angleterre ou l'Allemagne. Plutôt que de laisser les flancs des monoplaces vides de toute mention, Jordan a préféré jouer avec les initiales de son commanditaire, histoire de faire de la réclame implicite. Ainsi, les spectateurs présents à Magny-Cours ou à Silverstone ont pu lire pendant trois ans la mention « Buzzin Hornets », littéralement « les frelons bourdonnants » dans la langue de Molière.
Dans son autobiographie parue au Royaume-Uni « An Independent Man », Eddie Jordan explique les coulisses de ce logo et de cette appellation. « Les graphistes de Benson & Hedges et (l'agence de publicité) Saatchi ont produit un logo, qui a été accepté le 2 janvier 1998. J'aimais le frelon dès que je l'ai vu, car il était plus compact que le serpent. C'était un emblème facilement identifiable, qui ferait l'affaire en tant que logo du team et qui serait aisément utilisé sur les vêtements du personnel. »
Pour que le plan marketing soit total, les mécaniciens étaient vêtus de tenues jaunes lors des arrêts aux stands, et leur casque portait des stries noires, comme l'abdomen d'une abeille ou d'un frelon.
Le frelon est brièvement remplacé par un requin en 2001 sur le museau des Jordan, et les résultats se font plus inquiétants. En effet, la période dorée de Jordan a coïncidé avec l'utilisation du frelon comme emblème avec 3 victoires en 1998 et 1999 ainsi qu'une troisième place au championnat Constructeurs en 1999. Dès 2002, aucun animal ne sera représenté jusqu'à la fin du sponsoring de Benson & Hedges en 2004. Cinquième en 2001, Jordan glisse en seconde moitié de tableau jusqu'à être abonné à la neuvième position de 2003 à 2005.
Clin d'œil de l'histoire, l'écurie Jordan a été vendue à plusieurs reprises depuis 2005, jusqu'à être rachetée par le milliardaire canadien Lawrence Stroll en 2018, qui l'a ensuite rebaptisée Aston Martin. Une équipe dans laquelle Sebastian Vettel a conclu sa carrière en F1 en 2022.
The post De Jordan à Sebastian Vettel, une histoire piquante d’abeilles et de frelons appeared first on AutoHebdo.