Hier à 13:11
Vainqueur du trophée Clio Junior sur la terre l'année dernière, Tom Pellerey est passé à une autre dimension cette saison avec un programme en WRC3 au volant d'une Renault Clio Rally3.
Associé à Hervé Faucher, le Français a déjà disputé deux épreuves au Portugal puis en Sardaigne, parvenant d'entrée à rivaliser avec les meilleurs en étant capable de jouer le podium à chaque fois. Et en attendant de le retrouver en Finlande début août, on a voulu faire le point avec lui sur son début de saison.
Avant tes premiers rallyes en WRC3, tu as eu l'occasion de découvrir cette Clio Rally3 au Terre des Causses. Comment ça s'est passé ?
"Pour nos débuts au Terre des Causses et sans expérience en 4 roues motrices, on ne savait pas trop où se situer et il y avait pas mal d'interrogations. Cet engagement nous permettait de prendre un peu d'expérience avant de démarrer un peu plus tard en championnat du monde.C'était une bonne surprise d'être tout de suite dans le rythme face à des pilotes plus expérimentés (Tom gagne sa catégorie avec une 11e place au scratch). On avait fait une demi-journée d'essais avant ce rallye. On a eu des conseils de Renault et des ingénieurs évidemment, mais j'ai aussi appelé Quentin Ribaud qui m'a aidé également."Un mois après le Terre des Causses, tu as donc débuté ton aventure en mondial avec le Portugal.
"Pour le Portugal, on m'avait prévenu que le rallye serait long et qu'il était l'un des plus exigeants de l'année. On a débuté sagement le vendredi avec un rythme sécuritaire, mais quand même assez bon et on rentre cinquième le premier soir. On respectait notre feuille de route, et c'était mieux qu'espéré.Malheureusement, le lendemain, on a été obligés d'abandonner sur un problème mécanique alors que la troisième place était jouable. C'était une bonne surprise d'être aussi performant, car en plus du WRC3, de nombreux Junior étaient également en bagarre avec nous, dont certains qui ont vraiment un gros budget. On est repartis le dernier jour pour faire des kilomètres en vue de la Sardaigne."Tu as donc enchaîné ensuite avec la Sardaigne où tu avais un rythme encore meilleur. Malheureusement, tu as été contraint d'abandonner le deuxième jour.
"Après nos débuts au Portugal, j'étais plus aguerri pour la Sardaigne. J'ai tout de suite été plus détendu grâce à la connaissance de la voiture et du championnat. Dès le début, c'était beaucoup mieux avec un scratch d'entrée en WRC2. Parmi la liste des engagés, j'étais l'un des moins expérimentés du plateau, et je me suis demandé si je n'avais pas un rythme trop élevé en début de rallye, et j'ai réduit un peu ma vitesse ensuite. On rentre deuxième le vendredi soir derrière l'Italien Fontana.Le lendemain, les spéciales me convenaient mieux et j'avais un meilleur rythme. En trois spéciales, on reprend une dizaine de secondes à Fontana et on avait l'objectif de revenir sur lui encore un peu plus dans l'après-midi. Malheureusement, on prend une pierre cachée dans une ornière et dans la trajectoire, et on a cassé un amortisseur. On n'a vraiment pas eu de chance. Dans cette spéciale 10, on avait repris 8s à Fontana à mi-spéciale avant nos soucis, et c'est encore plus rageant d'abandonner à un moment comme ça.Pour la Sardaigne, comme j'étais totalement engagé en privé, on a fait le choix de ne pas repartir le dimanche pour économiser du budget. Il faut tout de même compter sur un budget de 50 000€ pour chaque épreuve."Quel est ton bilan après ces deux rallyes ?
"Au final, je ressors assez déçu de ces deux rallyes. Il y avait vraiment la place pour faire deux podiums, et même gagner en Sardaigne, et on se retrouve finalement avec deux abandons. C'est seulement ma quatrième année en sport mécanique, et j'ai réussi à montrer que je suis compétitif face à des gars plus jeunes et plus expérimentés. C'est ce qu'il faut retenir je pense."Est-ce qu'on peut attaquer "normalement" en Sardaigne avec une Rally3 sur un terrain si cassant ?
"Par rapport au championnat de France, l'engagement est souvent le même. En Sardaigne, on pouvait assez facilement identifier les parties les plus difficiles. Dans ces cas-là, on roulait à environ 70% du rythme pour préserver la mécanique. Et dans d'autres portions, on avait un rythme plus soutenu qu'au Terre des Causses."Parmi ces deux rallyes, lequel as-tu préféré ?
"J'ai vraiment adoré la Sardaigne, c'était très agréable même si les températures étaient élevées dans l'habitacle ! Contrairement au Portugal où j'ai eu du mal à vivre le moment présent, j'ai vraiment vécu l'expérience à fond en Sardaigne. Je me disais que c'était merveilleux de vivre une telle expérience. J'ai montré que je pouvais faire de bonnes choses. Même si j'ai 27 ans, j'ai seulement une expérience de trois années qui est parfois comparable à des juniors de 20 ans."Quelle est la suite pour toi ?
"Après la Sardaigne, on va pouvoir participer à la Finlande et à l'Europe Centrale grâce à Alpine Racing et Renault. On travaille actuellement pour trouver du budget afin de rouler davantage en fin d'année. J'espère que les choses vont bouger prochainement, et si les finances le permettent, on pourrait par exemple rouler au Terre de Vaucluse. J'en profite pour remercier Alpine Racing et Renault qui m'ont donné ma chance pour cette saison en mondial. Mais aussi mes partenaires privés qui croient en moi depuis le début. J'ai bien conscience que je suis très chanceux de rouler à ce niveau.Quand on arrive en championnat du monde, on se demande finalement si on a sa place. Rien que pour les reconnaissances, on peut voir de grosses différences. Certains ont des voitures mulets avec des pneus terre par exemple. De notre côté, on a une voiture de location et on est interdits de casser quoi que ce soit, car chaque souci augmente la facture évidemment. Donc dès le début, tu ne pars pas dans les mêmes conditions. Mais c'est quelque chose d'assez commun dans ce sport où il est assez difficile de se battre à armes égales avec les autres."Que penses-tu de la Clio Rally3 même si ton expérience se limitait jusqu'alors à la deux roues motrices ?
"La Clio Rally3 est une voiture superbe avec de très bonnes sensations. Il y a un gros moteur et un bon châssis qui mettent en confiance pour attaquer. C'est déjà une grosse progression après les Rally5 et Rally4."