Parlons MotoGP : Marc Marquez, entre génie et excès

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Ce week-end de Grand Prix était fou, vous en conviendrez. Et le génie Marc Marquez, comme souvent, a été l'un de ses principaux animateurs, du début jusqu'à la fin. Pourtant, j'avais rarement vu un Marquez aussi partagé entre exploits et actions absolument maladroites. Mais après tout, n'est-ce pas la marque des grands, informels devant l'Éternel ? Peu importe la réponse, il mérite qu'on en parle.

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l'entièreté de la rédaction.

 

Ses vrais débuts

 

Après le Grand Prix du Qatar, j'avais exprimé mon ressentiment étrange quant à Marc Marquez. C'était comme s'il n'avait pas débuté sa saison sur Ducati. Je l'imaginais plus tranchant, plus incisif. Là, j'ai été servi, sans doute de trop. À vrai dire, ce n'est pas réellement ce que je désirais de lui car de cette manière, il est absolument impossible qu'il joue le championnat du monde. Pecco Bagania est bien plus fort que ça. Lui, comme Jorge Martin, ne se contentent pas de rouler sur la lame du rasoir week-ends après week-ends. Mais mon avis importe peu, les faits sont là.

 

Marquez peut toujours rivaliser avec les meilleurs. Mais comment, là est la question. Photo : Michelin Motorsport

 

Comme à son habitude, il n'a pas fait preuve d'une grande intelligence de course mais s'est quand même proprement défait de Jorge Martin lors du Sprint, avant de chuter sur une tâche d'humidité. En revanche, sa vitesse naturelle est intacte : sa 93e pole position en carrière en atteste. Il est le meilleur dans cet exercice, je l'ai déjà dit à de maintes reprises. Aussi, ce n'est pas étonnant qu'il soit fort sur un tour à bord de la Desmosedici GP23 vu qu'il avait réussi à placer la RC213V en pole au Portugal l'an dernier.

Pendant la course, ça a été un mélange de tout ça et de bien plus encore. Il a été à la fois bon pour conserver son avantage de position au départ, mais s'est encore fait battre à la régulière en duel. Son bilan est très défavorable en MotoGP concernant les un-contre-un. Il n'y a que face à Fabio Quartararo qu'il a plus gagné que perdu, mais autrement, Alex Rins, Pecco Bagnaia, Andrea Dovizioso, Valentino Rossi et Jorge Lorenzo, tous, ont plus souvent remporté ces joutes acharnées pour la victoire. C'est l'un de ses points faibles.

Sur le pur plan comptable, il fait un bon week-end, avec une belle pole en prime. À Jerez, sa saison a débuté, exactement là où elle avait bien failli se terminer il y a quatre ans. Il progresse, continue d'apprivoiser sa GP23, et semble très heureux : sa danse sur le podium et ses célébrations avec le public en sont la preuve.

 

 

Marc Marquez, entièrement

 

Cependant, quelque chose me gène. J'ai l'impression que Marc Marquez bénéficie d'une sorte d'immunité auprès du public. Comme si son génie excusait tout, comme s'il pouvait compenser de bien pauvres décisions. Je dirais même plus, des décisions qui le déshonorent. J'ai conscience que « décision » n'est peut-être pas le mot idoine, mieux vaut sans doute parler de « pulsions » à l'évocation de son comportement en piste, un peu comme Max Verstappen ou Ayrton Senna. Au contraire d'un Michael Schumacher par exemple, pas plus propre, mais certainement plus calculateur.

 

À l’arrivée du Grand Prix, tout le monde semblait déjà avoir oublié le samedi. Sauf peut-être Mir, qui l’avait plus que mauvaise. Photo : Michelin Motorsport

 

J'ai beaucoup de mal à accepter qu'une communion avec ses fans suffise à faire omettre un véritable carreau sur Joan Mir la veille. J'ai encore plus de mal à accepter que la dimension spectaculaire intrinsèque à Marc Marquez pardonne sa non progression sur ce point depuis des années.

Après sa chute pendant le Sprint, il est remonté sur sa moto avec une seule idée en tête : revenir devant. Le Marquez brouillon était de retour. Joan Mir, déjà en grande difficulté sur sa Honda, avait le malheur de se trouver sur son chemin. Miguel Oliveira aussi. Les deux se sont fait percuter, et Mir en perdit même le contact avec son groupe. La direction de course lui ordonna de rendre une position pour les deux faits. C'est maigre, mais je pourrais faire un article complet sur ce que Spencer et ses hommes n'ont pas bien géré pendant ce Grand Prix.

Soit. Mais cela ne vous rappelle rien ? L'Argentine, en 2018, quand, après avoir dû passer par la voie des stands en raison d'un départ non conforme, Marc Marquez fit chuter Valentino Rossi, puis, toucha Aleix Espargaro. Toujours rien ? Jerez 2020, la course de sa toute première blessure grave en MotoGP. Ici, Marquez jouait la victoire, puis commit une erreur. C'est en revenant sur le groupe de tête qu'il chuta lourdement, et pas autrement.

Je suis triste pour le sport que la légende de Marc Marquez se fonde en partie sur cette facette de son personnage. Comme j'étais triste pour le sport que l'on pardonne les agressions répétées de Michael Schumacher. Il est bien plus que ça, mais force est de constater, après toutes ces années, que Marc Marquez nous offrira toujours son « lui » entier. Il n'y a pas de demi-mesure, les sauvetages fous et les poles hallucinantes n'iront jamais sans les actions litigieuses. Et voilà : il m'a suffi de le décrire pour que cela passe pour un compliment.

Qu'avez-vous pensé de Marc Marquez ce week-end ? Dites-le nous en commentaires !

 

J’ai l’impression que c’est ce que les gens veulent. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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