France - Rallye-raid. Ronan Chabot : « Humainement, c’est notre meilleur Dakar… »

​Dakar 2021. Ronan Chabot et Gilles Pillot (Toyota) ambitionnaient un Top 10, comme en 2019 et 2015, ou mieux en 2015 (7e). Mais les ennuis mécaniques des premières étapes et, dès lors, le fait ne plus être dans le « bon wagon » ne leur ont permis d’utiliser à 100% les qualités (vitesse et légèreté) de leur nouvelle voiture, sur la totalité des douze étapes. Sportivement, le duo sablo-yonnais s’est classé 22e en Arabie Saoudite. Mais humainement, leur 19e Dakar est le meilleur.  Un Dakar réussi est un Dakar terminé !  ​A l’image du Vendée Globe, ou d’autres épreuves au long cours où l’on associe l’aventure au sport mécanique, la  casse  ​et les problèmes techniques influencent le résultat. Sur ce rallye-raid saoudien, Ronan Chabot et Gilles Pillot n’ont pas été en réussite : cinq crevaisons lors de la première étape, percutée par une autre voiture dans la seconde et triangle inférieur cassé sur la troisième, ces soucis mécaniques et ce fait de course, ont  plombé  ​les ambitions de l’équipage sablo-yonnais dès les premiers jours.  Sportivement, il faut faire zéro faute pour finir bien classé sur un Dakar ​, résume Ronan, le pilote.On a compromis notre rallye dès le premier jour…En retrouvant  la chape de plomb ​, dixit Ronan, liée à la pandémie Covid-19 et au couvre-feu en France, le pilote vendéen a résumé les 7646 km (4767 km de spéciales) dans les déserts saoudiens.  Sportivement, ce n’est pas notre meilleur Dakar (22e). Certes, les paysages étaient somptueux et magiques, mais hormis dans les dunes, les pistes étaient de sable et de cailloux. Avec le système gonflage/dégonflage intégré, les deux roues motrices étaient avantagées. De notre côté, lorsque l’on partait le matin, on choisissait une pression intermédiaire pour nos pneus. Tu gonfles trop, tu ne passes pas les dunes. Tu ne gonfles pas assez, tu crèves dans les gros cailloux. C’est ainsi que l’on a compromis notre rallye dès le premier jour… On ne partait pas dans le bon wagon…Chaque crevaison ou ennui mécanique a coûté du temps et cela s’est affiché au classement : 47e de la première étape (cinq crevaisons), 25e de la seconde (percuté par une autre voiture) et 47e de la troisième (triangle inférieur cassé).  Les étapes suivantes, on ne partait pas dans le bon wagon, explique Ronan. C’était dans l’ordre d’arrivée de l’étape de la veille. On partait de loin et le rallye était coupé en deux, car on était derrière les camions. Les départs étaient toutes les 30 secondes, alors que c’était 3 minutes pour le Top 15. Dans le  cassant  ​, c’était compliqué. Il n’y avait pas de vent et on était dans la poussière de ces monstres. Pour se décaler sans casser et doubler sans crever, c’était  chaud  ​dans la bagnole. Notre Dakar, c’était un peu cela. Si tu n’es pas dans une bonne place dans le wagon et régulier sur les spéciales, tu subis le rallye. Un ascenseur émotionnelLe niveau de compétition était relevé  avec de très bonnes voitures ​, précise Ronan.  Mais lorsque l’on revenait dans le classement sur les spéciales (sections chronométrées) et que l’on pouvait naviguer entre la 15e et 20e place, on roulait bien et on réalisait des belles choses sur les secondes parties de course. C’était moins frustrant…  ​Au-delà de l’aspect purement sportif, Ronan et Gilles ont pu  s’oxygéner  ​la tête.  Dans le contexte actuel, c’était une chance de pouvoir faire de la compétition. Chacun a pu la mesurer et vivre des sensations en se retrouvant dans un ascenseur émotionnel. Nous étions dans un bivouac de 3000 personnes, sécurisé et fermé, mais humainement, nous avons vécu notre meilleur Dakar.  ​Et puisque Ronan parle de dimension humaine, il précise.  Par rapport à l’an passé, et c’est mon avis personnel, je trouve que le pays s’ouvre… Dans les villes, j’ai vu beaucoup moins de femmes voilées. Elles sont dans la rue, elles rayonnent. Les restaurants sont mixtes. Bon, ce n’est pas encore Dubaï, mais il y a une volonté d’accueillir du tourisme. Fortement, on le sent. Et lorsque l’Arabie Saoudite pourra s’ouvrir davantage, ce sera une destination splendide. Le Dakar s’adapteRonan se réjouit de cette politique d’ouverture – rappelons, néanmoins, que les dirigeants saoudiens partent de très loin pour être  totalement  ​en phase avec La Déclaration universelle des droits de l’homme. D’autant, qu’il faudra aussi qu’ils sortent de leur  totalitarisme religieux ​. Bref. Pour revenir au sport automobile, le pilote vendéen est déjà en 2022.  Avec le retour d’Audi, l’arrivée de moteurs hybrides et Cyril Despres et Mike Horn qui vont venir avec un laboratoire de véhicule à hydrogène. Les dirigeants de la FIA ont unifié le Dakar et la Coupe du monde. Ce sont de beaux projets pour les constructeurs. Le Dakar moderne va s’adapter aux changements de la société et c’est important. Et normalement, et je l’espère, le parcours du Dakar 2022 devrait aller en Jordanie et à Oman. Le sport a aussi cette vertu de pouvoir relier les pays qui, historiquement, n’étaient pas bons amis. Un livre pour 20222022 sera aussi synonyme de  20e Dakar  ​pour le duo Chabot/Pillot. Des déserts africains à la Cordillère des Andes, jusqu’aux dunes saoudiennes et  ses lumières tamisées, comme en Afrique ​, précise le pilote ; Ronan et Gilles veulent raconter leurs histoires dans un livre.  Nous voulons marquer le coup et nous espérons partager toutes ces émotions, annoncent-ils​. Ce sera avec Eric Vargiolu, le Monsieur Dakar pour les photos et qui travaille pour DDPI.  ​Dans l’attente, Ronan Chabot et Gilles Pillot vont tenter de construire une saison pour 2021.  Dans les conditions actuelles, on n’a pas trop de visibilité, mais on espère faire le Rallye du Maroc en octobre… 

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