Lando Norris, guide suprême de McLaren en Chine… son week-end à la loupe

https://www.autohebdo.fr/app/uploads/2024/04/DPPI_00124006_1946.jpg

Le Petit Livre Rouge ne s'est pas ouvert en Chine. Point de Grand Prix subversif de la part du Grand Timonier de Maranello et de ses lieutenants du côté de Shanghai. Charles Leclerc et Carlos Sainz, que d'aucuns pensaient capables d'ébranler la hiérarchie, n'ont pas été en mesure de porter la révolution culturelle prônée par Fred Vasseur jusqu'au pied de l'imprenable muraille. Ce soulèvement, c'est Lando Norris qui l'a incarné en se montrant le plus déterminé des adversaires de Red Bull Racing. Si l’édifice de Milton Keynes ne s'est pas effondré, au moins a-t-il subi le désagrément de voir se fissurer quelque peu sa domination : Sergio Pérez devant céder la deuxième marche du podium.

Si l'entrée en action de la Safety Car (pour dégager la Sauber de Bottas) n'a pas facilité la progression du Mexicain, elle ne l'aurait en rien empêché de recoller à la McLaren lors des dix derniers tours s'il avait eu le rythme pour. Ce qui ne fut pas le cas. Elle n'en reste pas moins surprenante, cette révolution « orange » que même les principaux intéressés n'attendaient pas. Personne ne roulait des mécaniques à Woking avant de s'envoler pour l'Empire du Milieu qui n'avait plus accueilli de Grand Prix depuis 2019. Un sacré bail pour tout le monde qui promettait de niveler quelques valeurs, mais qui n'était certainement pas de nature à inverser les tendances. En tous les cas, pas chez McLaren à en croire le Grand Prix du Japon où les monoplaces n'avaient pas brillé. Six mois plus tôt, elles avaient encadré Max Verstappen sur le podium, mais avaient été cette fois dans l'impossibilité de reproduire pareil week-end.

« Une salve d’améliorations en Chine ne sera pas suffisante, avait expliqué à son terme Andrea Stella, responsable de l'écurie. C'est un retour après cinq ans qui ne va pas manquer de créer quelques difficultés, mais elles peuvent aussi offrir des opportunités parce que tout le monde sera logé à la même enseigne. Certains seront sans doute en mesure d'en tirer un avantage, mais je suis un peu prudent en ce qui nous concerne, car il y a tellement de virages à basse vitesse et d’épingles que ce n’est certainement pas le meilleur circuit pour nous à ce stade de la saison. Ça sera différent une fois que nous aurons développé la voiture, mais pour l’instant, ces types de tracé ne sont pas les meilleurs pour nous. Il y a de fortes chances que nous soyons obligés d'évoluer sur le mode "limitation des dégâts". Ensuite, à partir de Miami (3-5 mai), j’espère que nous entrerons dans une zone plus confortable. »

Limiter les dégâts

Un mode « limitation » que les contraintes inhérentes aux week-ends Sprint allaient atténuer, McLaren parvenant à parfaitement gérer la première séance d’essai avec pour récompense la pole de la course du samedi pour Norris. « Ce fut une qualification intense affectée par les conditions météorologiques avec la pluie arrivant finalement à la fin de la Q2, expliquait vendredi soir le manager italien. Nous devions être prêts opérationnellement pour produire des tours propres, et c’est ce que l’équipe et les pilotes ont fait. Lando a brillamment piloté en Q3 alors que l’adhérence était très faible sur les pneus Intermédiaires et qu’il était difficile de rester en dehors des problèmes et de savoir où mettre les roues. »

Le lendemain, le Britannique allait hélas se montrer moins inspiré lors du Sprint, avec un temps des plus limités aux avant-postes : un meilleur départ de Lewis Hamilton (Mercedes), également sur la première ligne, ayant sonné le glas de ses espérances. Il avait bien tenté de s’accrocher à l’extérieur du 1er virage pour obtenir l’intérieur pour le virage suivant, mais sa tentative s'était soldée par une incursion hors-piste et un premier tour bouclé en septième position. Si le Sprint avait été une déception avec une P6 finale, la séance qualificative du Grand Prix, disputée peu après samedi, avait par contre confirmé que la MCL38 était compétitive avec des pneus neufs. « P4 et P5 avec Lando et Oscar (Piastriconstituent une position solide pour prendre le départ de la course de demain, se consolait Stella. En même temps, nous avons vu lors du Sprint que le défi devient plus difficile à relever sur un relais de course. Nous avons fait quelques ajustements entre le Sprint et la qualification, nous verrons demain quelle est leur utilité… »

Ce dimanche, Lando bénéficiait d'un premier coup de pouce du destin lorsque la Sauber de Valtteri Bottas, en course pour les points, explosait son moteur au 20e tour, lui permettant de bénéficier d’un arrêt au stand « gratuit » sous régime de VSC (voiture de sécurité virtuelle), alors que la plupart des autres voitures allaient s'engouffrer dans la voie des stands une fois la Safety Car (SC) déclenchée. Avec pour effet de faire reculer Pérez derrière la McLaren.

Bon timing

« Quand la VSC s’est déclenchée juste après que je sois passé devant l’entrée de la voie des stands, quelques mots en P et en M me sont venus à l'esprit, souriait-il. Par chance, elle est restée activée pendant un bon moment, et ensuite il y a eu la Voiture de Sécurité. Je pense que notre stratégie a bien fonctionné. Je me sentais en confiance dans le premier relais, je pouvais donc envisager un très long relais. Si la VSC s’était éteinte avant que je n’atteigne la voie des stands, j’aurais été bien ennuyé. Les choses sont allées dans notre sens, parce que cela a obligé les Red Bull à s’arrêter à nouveau. Me permettant de devancer Checo avec la Ferrari de Charles (Leclerc) entre nous. Ça m’a probablement sauvé un peu. C’est un circuit où, lorsque vous avez le contrôle et que vous pouvez gérer les choses, ça peut vraiment jouer en votre faveur. C'est en cela que la course aujourd'hui a été si différente d'hier. Lors du Sprint, j’étais derrière tout le peloton. Si vous surchauffez vos pneus, vous avez du mal. Il n’y a pas grand-chose à faire. Aujourd’hui, j’ai pu contrôler les choses par moi-même. J’ai pu me détacher de Charles (Leclerc) qui retenait beaucoup Checo. Lui a probablement dû contraindre davantage ses pneus pour essayer de dépasser la Ferrari. Je m’attendais peut-être à un peu plus de bagarre, mais quand je sais à quel point il a poussé au début pour dépasser la Ferrari, cela m’a permis d’être un peu plus à l’aise, ce qui est une bonne chose. »

Intercalé sur le podium entre les deux Red Bull, Norris ne cherchait pas à cacher sa surprise. « Quelle amélioration aujourd’hui par rapport à hier, insistait-il encore. C’est pour cela que je suis un peu surpris d'être entre ces deux gars. Mais c’est une bonne surprise, bien sûr. Il est difficile de dire pourquoi, car nous avons eu un peu de mal avant. Les conditions se sont refroidies, le vent s’est calmé et ces deux éléments ont sans doute joué un peu plus en notre faveur. C’est pour cela qu’hier, quand on me demandait à quoi nous nous attendions pour aujourd’hui, j'avais tendance à déclarer que je ne me voyais pas du tout dans le Top 3, ni même dans le Top 5 ! La voiture était beaucoup mieux, mais évidemment pas assez rapide pour rivaliser avec les Red Bull. » Norris norcit le tableau puisqu’il a battu celle de Pérez. Une double bonne surprise même, compte tenu des caractéristiques de la MCL38 qui, sur le tracé de Shanghai, auraient dû jouer en défaveur des hommes de Woking. Comment justifier ce gain de performance que les conditions de piste à elles seules ne peuvent expliquer ?

Mieux que prévu…

« Je ne sais pas, confiait avec franchise celui qui venait de signer le 14e podium de sa carrière. Qu’est-ce qui a changé ? Nous avons été plus rapides que nous le pensions, voilà ce qui a changé. Shanghai est une piste où nous nous attendions à avoir des difficultés, et nous n’en avons pas eues autant que redouté. Ces courbes longues, comme le virage 1, ont toujours été notre gros point faible. Si la deuxième partie du virage était probablement comme nous l’attendions, la première a été par contre bien meilleure. Disons que nous continuons à apprendre notre voiture. C’est aussi simple que cela. Ce circuit est très différent, et son tarmac est assez étrange. Peut-être que cela a joué en notre faveur un peu plus que ce que nous pensions, peut-être qu’avec l’ancien tarmac, nous aurions eu un peu plus de mal. Ce ne sont que de petites choses, mais elles peuvent faire la différence. Nous n’inventons rien. Nous donnons un avis honnête sur la situation dans laquelle nous sommes.

Si nous avions abordé ce week-end en pensant que nous serions forts, nous ne l'aurions pas caché. Le plus souvent, nous évitons d'être trop optimistes parce que depuis le début de la saison, nous sommes derrière Red Bull et derrière Ferrari, et il n’y avait aucune raison qui pouvait nous laisser soudainement penser que nous devrions être plus proches de RBR ou devant la Scuderia. Rien ne laissait présager une course extraordinaire aujourd’hui, surtout après la course Sprint d’hier qui était la version la plus fidèle de ce qui pouvait nous arriver lors du GP. Mais les choses se sont mieux déroulées que prévu, et tout s’est bien passé à partir de ce moment-là. Je n’ai pas fait d’erreur dans le premier virage et ne suis pas sorti de la route comme hier. C’était un bon départ. J’ai passé l’Aston de Fernando (Alonso) et ai pu contrôler ma course. C'est aussi au départ que le résultat s'est construit. »

Au final, une très belle prestation du Britannique qui lui faisait oublier la déconvenue de la Course Sprint et qui montre, peut-être pour la première fois cette saison, que McLaren peut être à la hauteur des grandes espérances formulées lors de la présaison. D’autant que le jeune Oscar Piastri aurait sans doute été en mesure d'opérer au plus proche de son chef de file sans les dommages causés à sa voiture.

Miami en point de mire

« L’après-midi a été difficile pour moi, soupirait l'Australien, finalement P8 alors que son équipier avait droit aux honneurs du podium. J’ai eu un peu de mal dans le premier relais et ensuite, lors de la relance après la voiture de sécurité, j’ai été percuté par l’arrière, ce qui a causé beaucoup de dégâts et a rendu la deuxième moitié de course assez pénible. C’est bien de marquer quelques points et, surtout, d'avoir Lando tout là-haut. Nous repartons de Chine avec beaucoup d’aspects positifs, et nous attendons maintenant la Floride avec impatience. » Miami qui, en cette fin de journée à Shanghai, occupait déjà l'esprit d'Andrea Stella.

« Cela fait du bien d’obtenir un tel résultat, mais nous devons continuer à progresser et à travailler dur pour avoir d’autres journées comme celle-ci. La seule façon d’y parvenir est d’améliorer la voiture. Nous nous attendions à ce que ce week-end en Chine nous oblige à simplement limiter les dégâts, mais il s’avère être notre meilleur week-end de la saison jusqu’à présent. La pole position du Sprint, une solide performance en qualification avant le Grand Prix et, aujourd’hui, un podium au mérite pour Lando. C’est une belle récompense pour le travail acharné des pilotes, de l’équipe sur le terrain et à l’usine. Je suis très heureux pour toutes les personnes impliquées. Les dommages qu'a subi sa voiture ont empêché Oscar de se battre pour une position plus élevée, mais il a très bien piloté, s’adaptant à l’équilibre modifié de la voiture, et a fait du bon travail pour ajouter des points à notre tableau de chasse. » Sûr qu'il aura d'autres occasions de monter lui aussi à l'assaut de la Muraille Red Bull Racing qui reste, pour l'heure, plus Grande que jamais.

The post Lando Norris, guide suprême de McLaren en Chine… son week-end à la loupe appeared first on AutoHebdo.

×