Aujourd'hui à 02:20
Au lendemain de l'arrivée du rallye du Portugal, Jeff vous propose un nouveau récit en vous replongeant dans l'édition 1988, marquée notamment par les performances de Didier Auriol. L'actualité nous permet de replonger dans l'histoire de l'épreuve Lusitanienne et notamment l'édition 1988. Cette année-là est marquée par l'incroyable performance d'un futur grand de la discipline : Didier Auriol ! Par ses prouesses, le jeune français annonce une nouvelle ère. Mais tout d'abord, pour bien comprendre la portée de l'exploit, revenons brièvement à 1987. Les GrA remplacent alors les GrB et le jeune Auriol, champion de France en titre, signe chez Ford pour piloter la Sierra RS Cosworth. Sur asphalte, le Millavois est déjà une référence, si ce n'est LA référence du moment. Malgré trois saisons sans roulage sur terre, le pilote Ford qui découvre le San Remo et les pistes Toscanes y réussi des chronos époustouflants face aux spécialistes. Pour gagner, il faut une transmission intégrale, certes, mais le « petit gars » de Millau termine 4ème dans le sillage de la R11 Turbo d'un immense Jean Ragnotti. Un présage… Durant l'intersaison, fort d'un second titre national et de ses exploits Toscans, Didier insiste auprès de son employeur pour évoluer en mondial et surtout : rouler sur la terre ! Tout le monde sait que les quatre roues motrices italiennes sont intouchables dans les chemins. Avec sa propulsion, Ford n'espère rien en Championnat du Monde (à part sur le goudron du Tour de Corse que Didier Auriol va remporter) et privilégie un programme national pour son prodige. Pour l'anecdote, il est fort dommage que Ford et Auriol n'aient pas participé au Monte-Carlo qui fut particulièrement sec cette saison là… Mais le Français veut prouver que dans le clan des « tout à l'arrière » et sur la terre, il peut se battre contre les meilleurs, les Blomqvist, Grundel, Vatanen et Cie… tout en visant des podiums au classement général. Didier « harcèle » Boreham et obtient un mini-programme au plus haut niveau ! Il faut dire aussi que le patron de la compétition de Ford Europe, Stuart Turner, voue une admiration sans borne au cadet de son équipe… C'est ainsi que la saison 1988 du Millavois commence directement en Championnat du Monde début mars 1988, sur le parcours mixte du Rallye de Portugal - Vinho do Porto. Sur le bitume, Auriol fait immédiatement jeu égal avec la nouvelle et redoutable Lancia Delta Integrale de Massimo Biasion. Dans l'ES3 le tricolore domine ensuite la diva italienne. Après 5 chronos, Didier se place second à 16sec de Miki, puis lâche 1min à cause d'une crevaison. Le lendemain, dans les chemins du Sud de la péninsule Ibérique, Auriol a un objectif fou : conserver son podium ! S'il y a une chose qui caractérise l'espoir tricolore, c'est bien le panache ! Face à une meute de Lancia et aux Mazda 323 4WD, le pilote Ford accompli des miracles sur la terre. Il rivalise d'abord avec son équipier Stig Blomqvist puis le surclasse. Le Suédois donne tout mais se montre impuissant face à un jeune Français héroïque. Dans le tronçon de Fafe - Lagoa, le double Champion de France inflige 0sec8 par kil' au Champion du Monde 1984. Après 15 spéciales, Didier compte plus de 1min30 d'avance sur Stig et s'accroche furieusement à la dernière marche du podium provisoire, entre les deux Delta HF 4WD de Loubet et Fiorio ! Didier Auriol confirme là son incroyable talent, son incroyable capacité d'adaptation et un sens inné de la glisse. Mais le couple conique de sa Sierra casse malheureusement dans le 16ème chrono, laissant la révélation mondiale de l'année sur le bord de la piste… Sur l'arbre généalogique « rallystique » Jean-Luc Thérier a été le premier « géniteur » de la lignée française lors du rallye de Suède 1973, déjà face à un certain Stig Blomqvist et en remportant dans la foulée le Portugal. Hélas, la carrière du Normand fut brisée. Guy Fréquelin décrocha le titre de Vice-Champion du Monde en 1981. Michèle Mouton réalisa un chrono extraordinaire dans la spéciale de Lousa, de nuit et dans le brouillard, lord du Rallye du Portugal 1982 qu'elle remporta en battant Walter Röhrl ! A partir du Rallye du Portugal 1988 et la performance de Didier Auriol, le monde du rallye ne sera plus jamais le même ! Une page se tourne. L'ère des spécialistes se termine. Didier confirme une chose : les pilotes nordiques ne sont pas imbattables sur la glisse ! Il prouve aussi qu'un pilote Français est capable d'être le plus fort sur n'importe quelle surface, sur toutes les manches du calendrier. Il prouve enfin qu'il est en mesure de viser le titre suprême. Les mentalités vont désormais changer. Sans l'exploit de Didier Auriol lors de ce Portugal 1988, les constructeurs auraient-ils ensuite misé sur les pilotes français ?... Les carrières internationales des Delecour, Loeb, Ogier et Fourmaux auraient-elles pu voir le jour ? Pas si sûr… Le livre "Les Etoiles du Rallye, de l'Ardèche à la Finlande" est disponible dès maintenant au prix de 39€ avec un préface signé par Didier Auriol.
